Comment rendre supportable la détresse humaine, survivre, se reconstruire, après s’être senti trahi, en rupture – et c’est bien le sentiment qu’éprouvèrent par exemple les expulsés du Goush Katif –, voire en conflit avec son propre héritage culturel, avec ce que cela implique de désarroi, de perte de repères et de sens ?
Tout travail sur les représentations doit viser deux termes parfois opposés : élucider la part d’illusion, et soutenir contre la détresse.
« L’acceptation de la réalité est une tâche toujours inachevée ; aucun être humain n’est affranchi de l’effort que suscite la mise en rapport de la réalité intérieure et de la réalité extérieure », écrit le psychanalyste anglais Donald Winnicott.
La Haftara de Matot-Massei (Jérémie 2) nous aide à décrypter ce que le réel semble vouloir nous indiquer : « Les détenteurs de la Torah ne me connaissaient pas ». Sous-entendu, ils ne parvenaient pas à se relier à la véritable connaissance (Daat). Alors que de ‘’bonne foi’’, ils se pensaient en règle, ‘’Kasher la-Mehadrin’’, cependant le Temple fut détruit…
Ce défaut de connaissance est un travers qui frappe l’ensemble de l’humanité. Cette pénétration du sens des choses (c’est le sens véritable de Daat) est souvent remplacée par une superficialité constitutive. Le Naassé peut être en place… en apparence, le Nichma fait cependant défaut, comme si nous n’étions pas entendus, faute d’entendre nous-mêmes. Je fais, tel un robot obéissant, et mes gestes ne sont pas suivis de réponse.
Cette présence au monde nous est demandée à chaque instant de notre vie. En psychologie, nous rencontrons fréquemment cette difficulté à être. Au passage de l’adolescence, se met en place un processus de destruction afin de tenter de devenir un être à part entière. Ce passage obligé affole les parents. De la même façon, nous n’avons pu échapper au ‘’Horban’’, à la destruction du Temple, qui était la condition de la reconstruction que nous sommes appelés à vivre. La lecture au premier degré des causes de la destruction aurait tendance à nous plonger dans un sentiment de culpabilité, de désespérance, qui ferait le jeu des forces du mal, lesquelles sont inhérentes au plan humain dans lequel nous nous débattons.
L’illusion, la distorsion du réel, trouvent leurs racines dans la faute du premier homme. Depuis lors, nous n’accédons qu’au niveau de la ressemblance avec l’Etre suprême, et n’avons pas encore retrouvé Son image. Privés de cette unité perdue, nous ne pouvons concevoir la réalité autrement que par comparaison : la notion de vie ne peut être appréhendée que par rapport à son absence: la mort, le chaud relativement au froid, le plaisir face au déplaisir. Appréhender ce monde en-dehors de cette dualité, c’est un travail que les psychologues appellent conscience, et que notre tradition nomme ‘’Emounah’’.
Cela nous est paradoxalement rendu plus facile dans cette période appelée Bein Ha-Metsarim, (« entre les limites »). Temps de réparation du programme endommagé, cette époque sera, grâce à notre conscience renouvelée, un moment de joie et de célébration, et le 9 av, un Moëd, une rencontre entre le Créateur et son peuple. Le Séfer Yetsira ne révèle-il pas que la lettre qui a créé le mois d’Av est le Teth, qui nous relie toujours au Tov, au Bien absolu ?
Yehouda Guenassia
Yehouda Guenassia est psychothérapeute certifié en Gestalt Thérapie Analytique, il est affilié à l’Association of Humanistic Psychology.
Email : yehouda72@gmail.com
Consultations en ligne: http://www.therapienligne.com
Yehouda Guenassia est psychothérapeute certifié en Gestalt Thérapie Analytique, il est affilié à l’Association of Humanistic Psychology.
Il reçoit à Jérusalem et à Ashdod . Tel : 052-4311401
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