Nous vivons, depuis תשעה באב , Ti Shabeav, les 7 semaines qui nous mèneront jusqu’à Rosh Hashana. Ce temps, précisément, devrait nous être plus propice pour accomplir la tâche qui nous échût par héritage divin, je veux parler du raffinement de notre être.
Nommées « semaines de consolation », celles-ci peuvent aussi s’entendre dans le sens de rectification, de pacification. Une voie vers l’apaisement, de ce que nous aurions pu heurter, et de ce quoi nous aurions pu souffrir durant le cycle de l’année écoulée.
Dans la même idée, le mois que nous venons d’entamer, Elloul, est traditionnellement celui de la Teshouva, du… repentir, du retour vers soi, mais surtout avec רחמים, Ra’hamim, compassion, tendresse même. Plutôt que porter sur notre passé un regard empreint de culpabilité, il nous est suggéré de procéder à une sorte d’état des lieux, une manière en quelque sorte, avant le cycle qui nous attend, de faire le bilan de l’année écoulée.
Le Sefer Yetsira, le Livre de la Création, attribué à Avraham Avinou, nous indique que durant le mois de Ellul, qui correspond au signe astrologique de la Vierge, בתולה, Bétula, nos ‘’cieux’’ distilleraient un soupçon supplémentaire d’éveil, teinté d’une acuité certaine, nous poussant à porter plus d’attention qu’à l’accoutumé sur la réalité que nous vivons.
‘’Focus Plus’’ pourrait être le mot d’ordre du mois, ‘’Awareness’’.
Ce mois-ci donc, il nous est rendu plus facile de scruter avec un soin tout particulier les détails de notre vie, et la réalité qui se présente à nous. Et ainsi pourrons-nous après un travail effectif nous déprendre plus justement des côtés fâcheux, ombrageux, encombrants de notre quotidien, pour révéler finalement d’autres aspects plus positifs de nous-mêmes encore couverts, enfouis, oubliés, que nous avions négligés.
En un mot restaurer notre relation à nous même, à l’autre, au Grand Autre.
Que ce soit au niveau de l’horizontalité de notre quotidien ou bien dans l’ordre de la verticalité de la Transcendance, nous ne pouvons faire l’économie de ce divin travail. Le prix à payer d’un malencontreux évitement de cet alignement salvateur s’avèrerait une fois de plus lourd en souffrances ou en maux divers. Nous connaissons tous le montant du tribut à débourser pour continuer de ‘’jouir’’ du luxe de l’entêtement.
La Tradition nous indique que ces 7 semaines devraient nous mener aux portes de Bina, d’un certain niveau de conscience, que je nous souhaite, celui du… discernement.
Un niveau de compréhension autre du monde de la réalité. Une élévation certaine de notre point de vue qui nous permettra, éclairés d’une Lumière Nouvelle, אור חדש, Or ‘Hadash, d’accéder à une perspective assainie; et ainsi faciliter la recherche de l’ajustement créateur, facteur incontournable du mieux-être après lequel nous courons tous dans l’existence.
Car la vision rafraichie et les changements à opérer, nous ne pouvons les mettre en place que dans le monde apparent de la physicalité, Le prophète nous en a averti depuis fort longtemps:
« ומבשרי אחזה אלוה » Job 19:26 que l’on pourrait traduire par: « Depuis ma chair, j’aurai la vision de la Divinité ».
Car c’est bien depuis ce lieu, uniquement, que nous pouvons appréhender le monde. Notre dépendance ne se résume pas à celle qui nous rattache à notre corps physique. Dans la psychologie contemporaine, nous nommons ce lieu générique depuis lequel nous existons, organisme. Il est formé du physique proprement dit, mais aussi de tout ce qui touche à l’émotionnel, au mental et au spirituel. Dans cette approche holistique de l’être existant dans, pour et par la relation, la notion de soi est aussi inhérente à l’environnement, à ce qui nous entoure. Nous sommes, ou devrions nous percevoir comme totalité, en attendant nous tentons tant bien que mal de faire vivre en unité harmonique, ce qui constitue notre organisme et ce qui est perçu comme environnement.
Cette phénoménologie existentielle, cette position d’être unique face à ce qui est différent de nous-mêmes, ne nous éloigne pas de la Tradition puisque celle-ci nous indique dans ses Chroniques, à travers les Noms divins qui y sont mentionnés, la direction à suivre.
ה’ , HaShem, Le Nom, nous l’indique dans Le Sien, grâce aux quatre lettres qui le composent. Quatre lettres qui signifient… ETRE. Le Shem Avahia, c’est le verbe être en hébreu, dans le sens existant, être en vie, être au présent, au passé, au futur, en devenir, en accomplissement et cela aussi bien au niveau du monde de la pensée, de la parole que de l’action.
Chaque vendredi soir, lors du premier Kiddoush de Shabbat, nous reprenons inlassablement la dernière partie du récit de la Création, celle qui concerne le septième jour, יום השבעי, Yom HaShevihi:
« ויכולו השמים והארץ וכל צבאם.. ויברך אלוהים את יום השביעי ויקדש אותו כי בו שבת מכל מלאכתו אשר ברא אלוהים לעשות»
» Vaykhoulou HaShamaym Ve Haarets Ve Khol Tsevaham… Vayvarekh Elohim Et Yom HaShevihi, Vaykadesh Oto Ki Bo Shabat MiKol Melakhto Asher Bara Elohim Laassot » (Genesis 2, 1-3)
»Ils sont achevés les ciels, et la terre et toute leur milice… Elohim bénit le septième jour, il le consacre: Oui, en lui il chôme, le jour septième, de tout son ouvrage qu’Elohim a créé, pour faire ».
Grâce à cette traduction très littérale que donne André Chouraki du texte, nous percevons mieux le sens, la direction de ce לעשות, Laassot, qui en fait s’adresse à nous, comme une injonction pour/faire, vers le/faire, par/faire, la création, à la suite de l’apparent retrait de Son Créateur.
Le challenge est de taille, car ce monde a été créé à dessein, semble-t-il, pour que ses créatures en aient une vision duelle, vision du oui et du non, du bien et du mal, טוב ורע, du Tov et du Ra, du plaisir et du déplaisir… entre autres. Paradoxale demande que celle de créer, recréer, retrouver cette unité perdue dans la cascade du développement des mondes. C’est cependant le challenge dans lequel nous sommes tous engagés et à notre suite toute l’humanité. ‘’Car le peuple juif est le peuple qui représente toute l’humanité, et aussi, l’Unité de toute l’humanité fondée sur le Dieu Unique, qui, paradoxalement, en mettant son peuple ‘’choisi’’ de côté ( עם סגולה, Am Ségoula), le sépara de toute l’humanité ( אומות העולם, les Nations). Nous touchons là au mystère juif. Certainement le mystère divin, le mystère du divin.
Représenter l’humanité dans son Unité, préparer la restauration de cette Unité, tout en vivant une… séparation, tâche redoutable héritée par ce peuple, de maintenir, dans cette position si particulière, au fil des temps, indéfectible le lien entre Dieu et l’Homme.
Yehouda M. Guenassia
Psychothérapeute
Individuel et familial
’Association of Humanistic Psychology.
Yehouda Guenassia est psychothérapeute certifié en Gestalt Thérapie Analytique, il est affilié à lIl consulte en ligne.
Email : yehouda72@gmail.com
Consultations en ligne: http://www.therapienligne.com